top of page

ARTICLE

Photo du rédacteurKARLAXY

Les indépendants (et les patrons de TPE) sont les victimes économiques du coronavirus !

Dernière mise à jour : 21 sept. 2022

FIGAROVOX/ANALYSE - "Beaucoup de petits entrepreneurs, restaurateurs ou commerçants subissent des pertes d’exploitation que l’aide mensuelle de 1500 euros du fonds de solidarité ne couvre pas. Et ce, quand ils ne sont pas inéligibles à ce dispositif. Pour eux, le nombre de morts à la reprise se comptera par bataillons..."


CORONAVIRUS : Coup de gueule d'un petit chef d'entreprise au président de la république !




La réponse du gouvernement Philippe au choc économique qui découle de la crise sanitaire est massive et évolutive. Les pouvoirs publics ont mis ainsi sur la table une enveloppe de 300 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat (PGE) pour toutes les entreprises, petites et grandes, qui demandent un emprunt auprès de leur banque pour les aider à passer ce cap. «À ce jour, les demandes de garanties s’élèvent à 40 milliards d’euros, indiquait vendredi au Figaro Nicolas Dufourcq, le directeur général de Bpifrance. Des pré-accords ont déjà été signés pour un montant total de 20 milliards d’euros. Cela concerne 130.000 entreprises, pour un montant moyen de 140.000 euros».


Le gouvernement a également annoncé un plan d’urgence de 45 milliards d’euros (relevé à 100 milliards dans le cadre du deuxième projet de loi de finances rectificatif -PLFR- présenté mercredi en conseil des ministres et débattu dans la foulée au Parlement) qui comprend, pêle-mêle, des autorisations de report de paiement de cotisations et d’impôts (pour 50 milliards), des dépenses nettes à destination des entreprises, dont la prise en charge du chômage partiel (à hauteur de 20 milliards) ou encore un fonds de solidarité, pour les indépendants, auto-entrepreneurs et petits patrons qui gagnent moins de 1 million d’euros par an, via une prime de (jusqu’à) 1500 euros par mois.


Un petit indépendant ...


Ce fonds, abondé par l’Etat, les régions et les assureurs, était initialement prévu pour coûter 1 milliard afin de prendre en compte des pertes d’activité, estimées à 70% du chiffre d’affaires habituel au mois de mars. Il a ensuite été réévalué à 1,7 milliard pour un défaut d’exploitation abaissé à 50% et va être porté à... 6 milliards d’euros pour sa reconduction en avril. Si le confinement dure au-delà, il sera sans aucun doute une nouvelle fois prorogé.

Des pré-accords de prêts garantis par l’Etat ont déjà été signés pour un montant total de 20 milliards d’euros. Cela concerne 130.000 entreprises, pour un montant moyen de 140.000 euros Nicolas Dufourcq, DG de Bpifrance

Ces dispositifs, qui ressemblent à ceux mis en place dans les autres pays occidentaux pour amortir le contre-coup économique de la crise sanitaire, sont sensés apporter une solution à tous les maux rencontrés par les entrepreneurs:

» les PGE procure un bol d’air bienvenu à la trésorerie de leur entreprise et établissement (on voit dans le détail qu’ils sont principalement utilisés par les grandes entreprises - 140.000 euros de prêt accordé en moyenne n’est pas le lot commun);

» le chômage partiel (amélioré par le gouvernement) assure une rémunération aux salariés à l’arrêt et évite de recourir à des plans massifs de licenciement (dimanche, il avait été demandé par plus de 700.000 entreprises pour plus de 8 millions de salariés, du jamais vu);

» les reports de charges et d’impôts enlèvent un poids aux finances des établissements (samedi, 55.000 entreprises avaient obtenu de leur direction des finances publiques un moratoire sur le paiement de leurs impôts à hauteur de 3,8 milliards d’euros);


» les arrêts de travail indemnisés financés par l’assurance maladie et l’Etat, qu’ont demandés un million de salariés, pour pouvoir garder leurs enfants privés d’école, permettent de maintenir peu ou prou leur salaire;

» enfin, le fonds de solidarité permet de compenser une petite partie de la perte d’exploitation subie par les petits entrepreneurs (commerçants, artisans, auto-entrepreneurs, patron de TPE, indépendants...). Dimanche soir, selon le décompte de Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des comptes publics, 837.000 petites entreprises avaient demandé à bénéficier de cette aide.

Je suis ultra assuré, pro/perso: perte d’exploitation, « homme clef », etc... avec plusieurs compagnies d’assurances... pas une ne marche Mathieu R, patron d’une petite société de production audiovisuelle

Sur le papier, ce programme de soutien à l’économie comporte peu de biais car il répond, peu ou prou, à toutes les situations rencontrées par les entrepreneurs. Mais dans la réalité, la grogne monte, notamment chez les tous petits patrons, les indépendants, artisans, auto-entrepreneurs et autres propriétaires de commerces de centre-ville qui ont stoppé nette leur activité le 14 mars au soir, n’ont plus aucune rentrée d’argent depuis et subissent une perte d’activité conséquente depuis un mois sans savoir si, le jour du déconfinement venu, ils pourront se relever et repartir de l’avant.


Et ce au motif que la perte d’exploitation qu’ils subissent suite à la fermeture de leur rideau n’est aucunement, ou si peu, prise en charge. Ni par les assurances, dont les contrats ne couvrent pas la perte d’activité liée à une crise sanitaire; ni par les banques, qui ne peuvent offrir, parfois d’ailleurs avec frais, que des facilités de trésorerie via des reports de mensualités ou des largesses de découvert; ni par l’Etat, qui n’a mis en place pour l’instant que des reports de charges et impôts et parlent du bout des lèvres d’annulations de créances, pour les entreprises les plus en difficulté, le moment venu.

La crise que l’on vit va laisser sur le carreau des tas de petits entrepreneurs qui vont manquer quand la reprise sera là et qui vont faire grossir les rangs des chômeurs avec les emplois détruits Stéphane Jégo, chef et propriétaire de Chez l’ami Jean

Certes, il y a bien pour ces petits patrons une prime de 1500 euros afin de compenser une perte de chiffre d’affaires de 50% en mars et qui a, bon an mal an, été versée il y a quelques jours à ceux qui l’ont demandé quand le système a fonctionné normalement - quelques bugs ont été recensés ici ou à, donnant l’impression d’un dispositif mal monté. Reste qu’une prime de 1500 euros pour un mois de rideau baissé représente peu de choses (probablement est-elle proche de la rémunération de certains d’entre eux) par rapport au manque à gagner parfois constaté sur la même période. Et ce, sans compter ceux qui subissent un effet de seuil et ne sont pas éligibles parce que leur chiffre d’affaires annuel est un peu supérieur à un million d’euros ou que leur perte d’activité est un peu inférieure à 50%...


C’est le cas de Stéphane Jégo, le chef et propriétaire du restaurant Chez l’ami Jean, rue Malar, dans le 7è arrondissement de Paris. Le Breton emploie 18 personnes (dont le salaire est à 84% pris en charge par le chômage partiel), réalise 1,9 million d’euros de chiffre d’affaires par an et n’est donc pas éligible à la prime de 1500 euros. Une obole, à ses yeux, pour lui qui a perdu l’intégralité de son stock (le frais entreposé dans ses chambres froides et ses frigos) du jour au lendemain le 14 mars au soir et qui estime à 40.000 euros par semaine sa perte nette actuellement. «Mon restaurant est fermé, je n’ai aucune recette en ce moment», argue-t-il.

Idem pour l’avocate Virginie Dusseaux, à la tête de 3 études dans les Hauts-de-France, qui a mis ses 3 secrétaires au chômage partiel, négocié reports de charges et impôts avec les autorités, mais supporte une baisse d’activité et une perte de chiffre d’affaires que l’aide de 1500 euros par mois ne compense pas. «Il n’y a plus d’affaires qui rentrent, je gère donc le stock existant mais ça ne peut pas durer longtemps comme cela», avance-t-elle de son côté.

Mathieu R., qui possède une petite société de production audiovisuelle, est dans la même situation. Son business est à l’arrêt, tous ses contrats suspendus et ses trois salariés en chômage partiel. Lui, qui se paye en dividende, ne touche rien en dédommagement de sa perte d’activité. «Je suis ultra assuré, pro/perso: perte d’exploitation, «homme clef», etc... avec plusieurs compagnies d’assurances... pas une ne marche», dénonce ce père de deux petites filles qui pensaient que ses pertes d’exploitation et de revenu seraient prises en charge. Raté.

Je m’inquiète du montant de l’aide dont je vais bénéficier en avril pour une perte de chiffre d’affaires de plus de 50%: 1500 euros, c’est trop peu par rapport à mon manque à gagner sur un mois Virginie Dusseaux, avocate dans les Hauts-de-France

Les exemples ce type sont légion, de ces entrepreneurs pour qui l’aide ne suffit pas ou qui n’en bénéficient pas. Pour combler ce déficit, des mesures complémentaires sont prévues. Dans le cadre du fonds de solidarité «augmenté»: une prime, versée par les Régions, de 2000 euros (qui pourra portée à 5000 euros, selon le nouveau PLFR) au cas par cas pour les entreprises les plus en difficulté qui comptent au moins un salarié. Mais aussi des partenaires sociaux: la caisse de retraite complémentaire des indépendants va ainsi faire un chèque plafonné (en fonction du montant des cotisations versées) à 1250 euros, fin avril, à ses 1,4 million de cotisant en guise d’indemnité de perte de gains. Un geste du patronat français, qui gère ce régime, équivalent à un... milliard d’euros.

Reste que tous ces petits patrons, restaurateurs, artisans de centre-ville, propriétaires de commerces en tout genre (vêtement, décoration, friandise, bar...) vont devoir rouvrir et, pour la plupart, reconstituer leur stock. Une dépense nette que beaucoup n’ont pas, aujourd’hui, les moyens d’assumer et prendre en charge. «Je vais dépenser près de 5000 euros pour repartir», confie ainsi Stéphane Jégo, qui demande à son assureur de participer à cette charge pour laquelle, sans fond de roulement, il n’a pas la trésorerie de disponible.

Et il serait faux de croire que l’activité, le business (pas «as usual»), repartira comme avant. Les Français ne vont pas se précipiter dans les magasins pour consommer, dans les restaurants pour manger ou dans les théâtres pour assister à une belle pièce. Pas question de faire de folie alors que le déconfinement sera doute partiel et encadré, et aussi par incertitude quant à l’avenir (l’ampleur de la récession, une possible 2è vague...). Or le doute, en économie, est source d’épargne. Les dépenses, au moins dans un premier temps, seront donc a minima et les recettes, aussi. Pas de quoi, pour ceux qui n’auront eu aucune rentrée d’argent depuis mi-mars, se refaire...


Pour eux, la reprise -s’ils en ont les moyens et sont encore debout- sera donc plus tardive que pour tous les autres, en décalé et sans doute en accordéon. Nul ne sait combien subsisteront, avec et surtout sans les aides mises en place par le gouvernement qui finiront bien par s’arrêter un jour. Surtout, on ne sait rien à ce stade du plan de relance (de rebond, dit Gérald Darmanin) que le gouvernement prépare. De son contenu et surtout de son ampleur dépend la vie de milliers d’indépendants et de petits patrons de TPE qui, pour l’heure, s’avèrent être, plus que les autres, les vraies victimes de la crise économique du coronavirus...



49 vues0 commentaire

Comments


bottom of page